Guinée: La guerre des démons si loin, si proche

Le contexte socio-politique actuel fait présager un mauvais avenir pour la Guinée.  Le 3ème mandat présumé du président Alpha Condé est au centre de toutes les polémiques dans le landerneau politique et même au sein de la société. A l’allure où les choses évoluent, on peut dire sans se tromper que la violence est entrain de tisser ses toiles dans le pays. Les évènements n’ont rien à envier à la transition guinéenne sous le capitaine Dadis Camara où l’on n’a assisté à la prolifération de mouvements de soutien tous azimut du genre “Dadis doit rester” ou “Dadis doit partir”, quand il s’agissait de la candidature à la présidentielle du chef de la junte. La suite de cette histoire est connue de tous et reste au travers de nos gorges. Comme si l’histoire se répétait, dix ans après, le scénario se dessine de la même façon. Aujourd’hui, au grand-dam des observateurs, des mouvements foisonnent au profit du projet d’un certain 3ème mandat du chef de l’Etat actuel. Au même moment, des regroupements spontanés contraires surgissent de part et d’autre avec pour objectif de défendre la constitution contre toute révision “diabolique”. Sur les réseaux sociaux, le débat fait tache d’huile sous une rivalité aiguisée autour d’expressions “Amoulanfé (ça ne marchera pas)” ou “Alanmanè (ça marchera)”. Sans compter les banderoles qui enjambent les rues du centre ville, kaloum reflètant exactement les positions des uns et des autres. Le 04 Avril dernier, les partis politiques de l’opposition et certaines organisations de la société civile ont lancé une plate appelée “Front national pour la défense de la constitution (FNDC)” se fixant pour mission d’empêcher le tripatouillage pressenti de la constitution. Le FNDC est composé d’anciens gouvernants ayant occupés pour la plus part des fonctions juteuses dans un passé récent au sein de la gouvernance Condé et qui ont retourné leurs vestes le soir même où ils ont été débarqués avant de verser dans l’opposition radicale. Il faut dire a ce niveau que le doute plane sur le sort du jeune mouvement que certains prédits déjà l’éclatement par une guerre d’égo entre les ténors et les grands leaders appelés : Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Lansana Kouyaté ou Ousmane Kaba. Néanmoins, ce front commun des acteurs majeurs de la société sonne comme le coup d’envoi d’un vaste mouvement de protestation populaire anti-troisième mandat, si jamais le pouvoir en place se laissait emporter par des sirènes révisionnistes. Face à la détermination qu’affiche les différents protagonistes, l’on peut dire que la violence à derechef du beau jour devant lui en Guinée. Les mois à venir sont à craindre dans le pays de sékou Touré, parce que la politique a fini par rendre le tissu social plus que fragile. L’ethno-stratégie basée sur le régionalisme ayant pignon sur rue sous nos tropiques. Cependant, dans ce tohu-bohu, le président Alpha Condé continu d’entretenir le doute sur ce projet de révision de la constitution, qu’on lui prête, devant le permettre de briguer un 3ème mandat anticonstitutionnel, osons le dire. Sauf qu’à ce niveau l’arbre cache mal la forêt. Les propos, gestes et faits parlent aujourd’hui mieux à la place de celui qui revendique jusqu’ici quarante ans de glorieuse lutte démocratique. Un adage dit “qui ne dit mot, consent”.

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De toute façon, Alpha Condé a deux choix: passer l’éponge sur ces nombreuses années de lutte en voulant tenter une aventure risquée ou accepter simplement de sortir par la grande porte.

Par Moussa Diawara

Moussa Diawara
Journaliste reporter d'images, administrateur Gl à reporterguinee.net Aime le voyage, la lecture, la découverte et le sport