Sp/Kalinko: A quand le retour de la violence ?

La question mérite d’être posée à l’analyse des éléments partant des relations entre les protagonistes de la crise à l’évolution de la situation socio-politique sous nos tropiques. La violence qui a secoué la sous préfecture de Kalinko le lendemain des élections locales du 4 février 2018 a sans doute laissé un climat de méfiance et de haine dans la société. Autre fois, véritable havre de paix, les paisibles populations de cette localité sont devenues de nos jours des pires ennemies jurés par la force des faits. A notre avis, trois facteurs non isolés expliquent cet état : primo, la violence elle-même ayant engendré des conséquences sans précédent. L’on se souvient encore comme hier la mort des quatre enfants brûlés vifs dans un incendie criminel, sans compter les dégâts matériels causés à la dimension de l’évènement. Au lendemain du sinistre, le gouvernement guinéen a apporté une aide en vivre et en matériels qui en réalité n’était que ridicule. Au lieu d’amener les protagonistes à fumer durablement le calumet de la paix, ce geste du gouvernement qui est arrivé une seule fois n’a servi qu’à attiser le feu de la division sociale. En effet, l’orientation de cette assistance vers un camp qu’il a donné pour ”seule victime” de la crise a été mal digérée par l’autre partie qui se croyant également victime se sont senties mise à l’écart. Disons, ce deux poids deux mesures du gouvernement a fini par semer le germe de la division entre deux communautés qui ont longtemps vécu ensemble. Pendant que l’affaire est pendante au tribunal de Faranah et classée sans suite à Conakry, les familles des quatre gamins tués trépignent d’impatience et attendent toujours que justice soit faite afin que les auteurs de ce crime crapuleux payent pour leur forfaiture. Les autres victimes n’attendent pas moins de la rigueur de nos lois.

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Secundo, Dame justice puisse qu’on parle d’elle, a été faible sur toute la ligne dans cette affaire comme dans de nombreux cas similaires que nous savons déjà. Plus d’un an après, la quasi-totalité des personnes arrêtées dans le feu de l’action le jour j’y, certains les jours qui ont suivi ont été transférées à Faranah pour être jugées pour leurs rôles présumés dans l’attaque ont humé l’air de la liberté sans aucune forme de procès. Pendant ce temps, des innocents croupissent dans les geôles. L’arrangement politique y a primé devant la mémoire des victimes et les lois de la République. Chose que les victimes n’arrivent toujours pas à concevoir, c’est de continuer à partager le même espace géographique avec ceux qu’ils considèrent être les tueurs de leurs enfants. Aujourd’hui, la déception est grande de leur côté et leur colère ne faibli pas. Dieu seul sait que leur vengeance ne tient qu’à un fil.  La paix dans la cité devient de plus en fragile à cause de la faiblesse de la justice. Conséquence, la sous préfecture de kalinko  et ses 17 districts environnants sont sur une véritable poudrière. Si l’Etat ne prend des mesures correctives le pire arrivera tôt ou tard. La dissension socio-politique y a tellement pris son envole qu’il faut craindre un affrontement intercommunautaire dans un avenir proche.

Tertio, la création d’un marché parallèle par un groupe de mécontents à quelques encablures du marché kalinko doit être perçu comme un symbole fort de la division sociale à laquelle nous faisions allusion tantôt. Il est aussi considéré par l’autre camp comme une provocation qu’il faille répondre. Ce marché, logiquement ne devrait pas exister même en temps normal, ne répondant pas aux normes. En plus d’être autorisé par le département de la décentralisation, nos lois en la matière prévoient au moins 15km entre deux marchés hebdomadaires. Or, dans ce cas de figure, le nouveau marché est non seulement situé à environ 5km de kalinko mais n’a pas été officiellement autorisé, pas à notre connaissance. Et plus grave encore, il ouvre chaque Lundi, le jour du marché Kalinko. Pis! Le gouvernement, il semblerait a eu vent de ce marché illégal mais il tarde à ordonner sa fermeture pure et simple. Pourquoi ? De toute façon, l’histoire le rendra responsable de tout ce qui adviendra à kalinko.

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A notre humble avis, aujourd’hui, eu égard la tension intercommunautaire qui couve dans cette partie de la Guinée, la solution serait de ramener les protagonistes à la table de négociation. C’est le passage obligé pour que le calumet de la paix soit fumé définitivement dans l’intérêt de tous. Il n’est pas encore tard!

Moussa Diawara   

Moussa Diawara
Journaliste reporter d'images, administrateur Gl à reporterguinee.net Aime le voyage, la lecture, la découverte et le sport